jeudi 26 juillet 2012

Le vieux colosse

Quatre-vingt-deux ans. Crinière et barbe blanches. Le dos courbé, le pas chancelant, un peu boiteux. Mais qu'il embouche son saxophone, c'est la métamorphose. Le corps qu'on aurait dit souffrant quelques instants plus tôt, se redresse, danse même autour de l'instrument. La nuit tombe, et elle a, non pas un, mais sept milliers d'yeux, de tous âges ; les arbres deviennent ombres, sous la lune rousse, la scène s'éclaire progressivement et en son centre, parmi ses musiciens, Sonny Rollins resplendit. Justifiant le terme de "légende vivante", bien au-dessus des contingences du corps. Ses poumons contiennent l'univers. C'était hier soir, sur les pelouses du Palais Longchamp à Marseille, en clôture du Festival des Cinq Continents ; c'était beaucoup plus loin, plus haut que ça, à l'impression reçue.

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