vendredi 20 juillet 2012

Argento fantasmagore


Faut-il dire qu'Inferno est probablement le chef-d'œuvre de Dario Argento ? Sans adhérer à un certain discours dominant qui n'accepte de reconnaître des qualités aux films les plus anciens du maître de l'angoisse transalpine, que pour mieux prétendre qu'il n'aurait plus rien fait de valable depuis trente ans, il faut reconnaître que celui-ci reste un sommet. Moins connu que son prédécesseur direct Suspiria, Inferno pourtant non seulement en reprend et en approfondit les motifs, mais en sublime les qualités comme les défaillances. C'est que ce qui rattache encore Suspiria à une intrigue de giallo classique va avec son lot de limites qu'il est difficile de ne pas percevoir, quand sa suite rompt totalement les amarres et impose en conséquence un tout autre mode de réception. Il n'y a plus de faiblesses dans l'intrigue, ou bien dans la psychologie des personnages, puisque celles-ci sont purement et simplement inexistantes, absentes : elles font défaut, en somme, mais on ne saurait plus pointer, par rapport à elles, des défauts. La Raison mise en sommeil engendre un monstre magnifique, mélange de danse macabre visionnaire et d'héritage, poussé à l'abstrait, de l'ancien imaginaire "gothique". Une trappe donne sur un appartement entièrement inondé, un couloir de bibliothèque publique mène directement à l'antre d'un alchimiste, le vent traverse un cours de musique et les rats envahissent Central Park, sans autre justification apparente qu'un illogisme qui est celui du rêve et des voies qu'il ouvre vers certaines profondeurs.


... Et Argento d'étrangement sembler renouer avec les plus lointaines racines du cinéma, celles des "fantasmagories" de Robertson et de ses imitateurs, qui déchaînaient les spectres sur les spectateurs des temps révolutionnaire et romantique.

1 commentaire:

  1. À peine cette note postée que je tombe sur une phrase qui aurait presque pu lui servir d'exergue :
    "To argue with a person who has renounced the use of reason is like administering medicine to the dead." (Thomas Paine)

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