dimanche 20 novembre 2011

L'étreinte du monde


À la lueur de la lune qui recouvrait l'île
comme si s'était rouvert le volcan disparu
nos mains se changeaient en pieuvres
cherchant des corps proches et hors d'atteinte
avant de se perdre dans leurs creux obscurs.
Doigts blancs, tentacules blancs, jointures blanches
les mains tentaient de retenir
dans leurs paumes humides
la forme de ton corps qui changeait toujours
et toi-même changeait, tu n'étais plus toi
tu étais les sept femmes que j'ai aimées
et moi j'étais les sept jeunes gens dormant
sept fois martyrs et sept fois morts.
Dès que j'étends les mains pour te toucher
je trouve la mer, les pierres, la lune
qui existent au-delà de nous et nous ignorent.
Comme tout le monde ignore que des années plus tôt
on m'a enterré dans la cour
de cette église déserte, oubliée.
Décembre 1968

Titos Patrikios (traduction par Michel Volkovitch), Arrêt facultatif, "Les sept dormants". – Hokusai, L'ama et le poulpe, dit "Le rêve de la femme du pêcheur".

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